La boulette de riz tieb africain

La boulette

_ Garé gnamé¹ !!!! 

La voix stridente et impatiente de notre mère qui résonne dans la maison, nous incite à délaisser nos jeux pour aller manger.

Sur une natte en plastique défraichie, témoin de nombreux repas pris en commun, trône dans un grand plat rond, un appétissant riz au poisson farci agrémenté de ses légumes colorés : carottes, choux blanc, aubergines, tamarin …

Ce plat mythique originaire de la ville de Saint Louis au Sénégal est communément appelé « thiéboudienne » en wolof.

L’odeur alléchante qui s’y échappe nous ouvre l’appétit, famille nombreuse oblige, nous nous installons tant bien que mal autour du plat, repérant avidemment les meilleurs coins. 

En Afrique manger en commun revêt tout un protocole, ce cérémonial est primordial pour le bon déroulement du repas.

Tout d’abord, par esprit de courtoisie, c’est le plus âgé qui orchestre le tout, il initie le début en commençant à manger par la formule consacrée : “bismillah”², aussitôt imité par les autres.

Il est aussi très important de manger devant soi, en évitant soigneusement de déborder chez le voisin, ceci afin d’éviter tout incident diplomatique, sous peine de remontrances. Le milieu est lui aussi sacré, seuls les plus grands y ont accès car c’est ici que le met le plus prestigieux trône sur son royaume : le poisson ! 

Ce poisson ardemment convoité est contentieusement distribué pour qu’aucuns des petits convives ne soit lésés.

C’est ma mère qui se charge de me fournir en poisson : elle prélève un peu de chair en évitant adroitement les arêtes et le dépose devant moi.

C’est le moment que j’attends avec impatience, de ma main droite je m’en empare avidement et le mêle à un peu de riz afin de former une petite boulette au creux de ma main. Cela demande, habilité et concentration, je n’ai pas encore la dextérité des plus grands, alors tant bien que mal, je recourbe mes doigts, compressant ma future boulette afin de lui donner sa forme requise.

Zut ! La moitié m’échappe, je rattrape ce qu’il me reste et poursuit ma besogne.

Le résultat n’est pas si mal : ma boulette ressemble à un galet plat mais tout se tient, je peux porter le tout à ma bouche qui est enfin pleine et ronde à l’image de ma petite boulette.

 

 

¹ venez manger 

² au nom de Dieu

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